ComaqE2013
23 Avril 2024
11:24:39
Le courage managérial Marie Doye

ComaQ CARREFOUR Été 2013
Revue publiée par la corporation des officiers municipaux agréés du Québec
Marie Doye, conférencière, associée chez Réseau DOF

Le courage managérial

Il y a quelques années une directrice d'une grande entreprise québécoise m'avait demandé de l'accompagner pour une consolidation d'équipe. La première valeur qu'elle privilégiait était le courage managérial. Dès cet instant, je savais que cette vertu devait faire partie des thèmes à développer chez Réseau DOF.

Il y a quelques années une directrice d'une grande entreprise québécoise m'avait demandé de l'accompagner pour une consolidation d'équipe. La première valeur qu'elle privilégiait était le courage managérial. Dès cet instant, je savais que cette vertu devait faire partie des thèmes à développer chez Réseau DOF.

Je dis vertu, car selon Aristote, grand penseur; le courage est la vertu nécessaire pour assumer toutes les autres ... que ce soit la collaboration, l'efficience ou la crédibilité. D'ailleurs un gestionnaire frileux ou manquant de courage n'est jamais perçu comme crédible...

Chez Réseau DOF, nous croyons que le courage est une valeur de cœur, ce qui nous amène à proposer une définition : agir avec cœur, malgré la peur, après s'être protégé...Car agir sans se protéger, c'est de la témérité, pas du courage!

Très souvent les gens confondent courage et détermination. Pour nous, il n'y a pas de courage sans peur! À cet effet, j'aime bien le passage dans le film « Nous avons acheté un zoo » où Matt Damon explique à ses enfants comment il ne faut que 20 secondes de courage pour amorcer une discussion cruciale, gagnante, exigeante, difficile, et ainsi se dépasser!

Vingt secondes de courage ... Quelles sont les actions que vous reportez par manque de courage? Avez-vous le courage de parler à votre employé qui est très gentil, mais qui n'atteint pas ses objectifs de travail? Avez-vous le courage de conscientiser cet autre qui « livre », mais qui a une attitude fermée, voire arrogante? Avez-vous le courage de parler à votre supérieur et même soutenir une opinion différente de la sienne?

Alors, situons-nous. Comment développer plus de courage? Premièrement, se positionner: reconnaître nos responsabilités comme gestionnaire, développer une bonne estime de soi, et surtout, clarifier son degré d'appartenance à l'organisation.

Nos responsabilités
Parmi celles que nous suggérons aux cadres, trois me semblent essentielles: responsabiliser, décider et confronter sainement. Responsabiliser les personnes de son équipe, c'est choisir de les accompagner pour qu'ils développent ce que l'on attend d'elles: être coresponsables du climat et des résultats. Si j'ai peur que le travail soit moins bien fait, et bien, je dois me protéger: former l'employé, le coacher, le mettre au défi de se dépasser. Je dois ensuite avoir le courage de lui laisser la latitude dans la tâche à accomplir tout en lui donnant du soutien. C'est ce que l'on appelle la délégation!

Quant à l'art de décider, c'est vraiment la première fonction cruciale en gestion: trancher, choisir, et ce, malgré les résistances des employés qui auront à vivre avec la décision.

Finalement, confronter sainement exige les deux volets: le mot «confronter» pour amener un changement de comportement et le mot « sainement » pour maintenir la relation avec l'interlocuteur. Le défi, c'est d'exercer son courage managérial dans un mode de collaboration et non dans un rapport de force.

L'estime de soi
Avez-vous une bonne estime de vous-même? Croyez-vous en vos capacités? L'estime de soi est au cœur de nos actions courageuses, ça vaut la peine d'y jeter un coup d'œil! Moins il y a d'écart entre mes valeurs personnelles et celles de mon organisation, plus je rehausse mon estime personnelle, plus je m'affirme.

L'appartenance à l'organisation
Avez-vous le cœur tatoué à l'effigie de votre organisation? Êtes-vous dédié, engagé corps et âme ou êtes-vous tout juste loyal sans plus? Nous croyons que l'adhésion aux choix stratégiques est incontournable pour tous les gestionnaires et que le courage managérial est manifeste chez ceux qui ont un degré d'appartenance important, chez ceux qui mettent leur cœur à l'ouvrage tout simplement! Bien sûr, nous pouvons avoir des périodes où l'adhésion est difficile, mais tous les gestionnaires qui ont à cœur leur entreprise réussissent à se rallier tôt ou tard, ce qui les rend plus crédibles et courageux, certes, ce qui confirme qu'ils ne sont pas soumis!

Les déterminants sont donc les préalables nécessaires à l'exercice du courage. Quels sont donc les défis qui attendent nos gestionnaires? Prendre des décisions difficiles, confronter sainement, interpeller les personnes aux gestes disgracieux, prendre position malgré l'opposition, donner des rétroactions délicates, demander des changements d'attitude, gérer des conflits, couper des postes, faire « encore » des compressions... Peu importe vos défis, les situations qui exigent du courage demeurent les mêmes pour tous:

  • Parler en public, donner son opinion de façon respectueuse et absente d'anxiété nuisible.
  • Exprimer ses sentiments pour améliorer la performance et maintenir des relations harmonieuses.
  • Oser dire non! Refuser des requêtes malgré la crainte de perdre soit la relation, soit la performance, soit sa crédibilité!
  • Donner des rétroactions délicates ou négatives adéquates, dans les règles de l'art!
  • Demander des changements de comportements pour atteindre de meilleurs résultats ou pour améliorer le climat de travail.

Enfin, nous sommes convaincus que l'exercice du courage est payant. Chaque gestionnaire que j'accompagne et qui ose se dépasser courageusement est tellement fier de lui par la suite. Cette fierté vient nourrir l'estime de soi et renforce la crédibilité. De plus, la détente qui suit le passage à l'action est si bénéfique qu'elle « enCOURAGE » d'autres actes courageux! Ce qui fait de tous ceux qui osent des leaders inspirants.

Allez-y! Vingt secondes de courage! Essayez pour voir!


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